Les secrétaires d’État chargés de la protection de l’enfance et du numérique ont indiqué, ce 17 juillet, que le gouvernement souhaitait s’attaquer au « fléau » de l’accès des mineurs à la pornographie en ligne.
Une charte de prévention de l’exposition des enfants à la pornographie va être signée en septembre entre les différents acteurs du Net et des représentants de la société civile.
« Il faut contraindre les sites à vérifier l’âge des internautes »
Thomas Rohmer, président de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open)
Le gouvernement vient d’expliquer qu’il présentera, en septembre, une charte de prévention de l’exposition des enfants à la pornographie. C’est bien, mais cela ne peut être la seule réponse de l’État. Ce que nous demandons, avec l’Union nationale des associations familiales (Unaf) notamment, c’est une évolution de la loi.
En effet, la loi n’est aujourd’hui pas appliquée. L’article 227-24 du code pénal existe bel et bien et interdit clairement de diffuser de la pornographie auprès des mineurs, mais il reste lettre morte. Les sites continuent de cibler les plus jeunes.
J’en veux pour preuve que l’on a entendu aux États-Unis les acteurs majeurs de ce marché revendiquer d’être utiles pour l’éducation sexuelle des adolescents. Autre exemple, les dirigeants du site leader sur ce marché ont décidé d’enlever le message d’alerte qui rappelait l’interdiction aux moins de 18 ans le jour où ils se sont rendu compte que ce message était efficace et baissait leurs audiences…
Contraindre ces sites à vérifier l’âge des internautes
Nous demandons donc que la loi définisse clairement qu’un site légal est celui qui protège les enfants et que ceux qui ne le sont pas doivent être bloqués. Concrètement, il n’est pas impossible de ne s’adresser qu’aux adultes.
Il faut pour cela contraindre ces sites à vérifier l’âge des internautes. Par exemple en demandant le numéro de carte bleue de toute personne qui se connecte, même pour les sites dits « gratuits ». On peut très bien imaginer un système d’identification obligatoire même si la transaction est de 0 €.
Ces sites se paient en données personnelles
J’en profite d’ailleurs pour mettre en garde sur cette expression de sites « gratuits ». Ils ne le sont en fait jamais. Certains ne demandent certes pas de payer le visionnage, mais ils se rémunèrent alors en ayant accès aux données personnelles des usagers. C’est cela qui fait leur fortune.
Je me méfie donc énormément du système soi-disant vertueux proposé par certains géants du secteur. Ils ont en effet développé un système d’« âge ID » qu’ils vantent aux gouvernements et proposent de mettre à disposition de tous les sites. Mais ne nous y trompons pas, il ne s’agit que d’une façon d’étendre encore un peu plus leur monopole sur les données personnelles, en faisant main basse sur celles des rares sites qui restent indépendants.
Étendre un contrôle indépendant
On peut tout à fait imaginer d’autres solutions. On pourrait étendre le système de contrôle France Connect qui est indépendant. Développé en France par Orange, il est déjà déployé dans de nombreux sites de service public afin d’identifier les personnes. C’est simple et efficace.
Enfin, il ne serait sans doute pas idiot d’obliger l’affichage sur l’écran d’un message d’interdiction aux moins de 18 ans un peu plus officiel, aux couleurs de la République française. Cela pourrait sans doute suffire à faire peur aux plus jeunes. N’oublions pas que l’âge du premier visionnage de film porno se situe à 11 ans !